AMIRAL GILLES

AMIRAL GILLES

MAROC

 

 

 

 

Un exemple simple en quelques lignes, le Maroc (Afrique du Nord) : Les formules de politesse sont toujours fort longues et d'autant plus longues que notre interlocuteur arabe veut vous honorer d'avantage. Commencées par le rituel « La besse ?»(ça va bien ?) elles continuent à l'infini. C'est une sorte de crescendo qui débute par des « Comment vas-tu ? tu vas bien ? comment vont tes enfants ? comment vont tes parents ? etc . . . »  pour se terminer par « alors tout va bien pour toi ? ». Rassurer sur votre sort après vos réponses l'arabe conclut : « Hamdoullah ! » pour remercier le ciel de vous avoir ainsi comblé de ses bienfaits. On se gardera de demander « comment va ta femme ? », la pudeur veut en effet que l'on ne demande pas à un arabe des nouvelles de sa femmes .

Si votre interlocuteur parle français, même parfaitement, il est inutile de l'en féliciter. Ce serait manifester là un étonnement déplace. Parler arabe à un caïd parlant français est également ridicule. En fait les arabes imitent de plus en plus les façons d'être, les formules de politesse françaises. Ainsi, un arabe qui n'est que le portier d'un grand hôtel de Rabat, m'a dit l'autre jour : - "Mes hommages, Madame . . . ". Comment le tutoyer après cela ?.
 Au marché une dame interpelle un marchand arabe :
-   " Eh, Ahmed, à combien sont tes pommes de terre " (en principe on appelle tous les arabes du peuple : Ahmed ; c'est là un nom familier qui n'a rien d'injurieux, pas plus que d'appeler un français Durand. Le marchand se tourna pas moins furibard vers la dame :
-    " Elles valent 30 francs, Marie . . . "
-  "ça par exemple ! Pourquoi tu m'appelles Marie ? » fit la dame suffoquée.
- " Tu m'appelles bien Ahmed. . . Alors je t'appelle Marie . . .". 
 

 

 Il y a peu de temps, agacée de ne pour avancer sur un trottoir encombré de femmes qui piétinaient plus qu'elles ne marchaient, je poussai légèrement l'une d'elles : 
- " Allons laisse-moi passer Fatma . . . ". Elle darda sur moi un oil courroucé :
- " Je ne suis pas une Fatma, je suis une dame".
Donc je continue sur les « Diffas » (festins)- il n'y a pas d'autres termes- au cours desquels le français qui vient en Afrique du nord est le plus souvent initié aux coutumes arabes. Ces repas somptueux sont implacables pour les estomacs susceptibles, pour les foies défaillants, les plats se succèdent aux plats et il est indispensable de gouter chacun d'eux. Refuser le morceau que votre voisin vous tend entre deux doigts est en quelque sorte une offense mortelle.
Le vin est proscrit, en principe, dans lesdiffas, puisqu'il est interdit aux musulmans. En fait il ne l'est pas toujours et il arrive que l'on puisse apporter une bonne bouteille (le vin blanc sec est excellent avec le couscous). Les invités européens amènent leurs femmes, mais aucune femme indigène n'assiste au repas. Ces repas ont lieu à quelques centimètres du sol.
Les invités sont accroupis ou assis très bas sur des coussins ou des divans.

Leur demander « s'ils n'ont pas peur tout seuls au milieu de tous ces nègres » (nom fréquemment et stupidement donné aux arabes par des touristes novices) risquerait de vous faire passer pour un imbécile, non sans raison d'ailleurs.