AMIRAL GILLES

AMIRAL GILLES

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Rechercher les origines des Malgaches restera à jamais la quête la plus ardue et la plus prometteuse des scientifiques et des « chercheurs » malgaches, voire de l'humanité. Toutefois, l'aventure de ce pays qui a tant inspiré, continue.

Le Malgache, avec sa quête de l'identité, s'avère un fait assez récent, datant d'il y a quelques années, sans doute à l'avènement du troisième millénaire. Et voilà que des illuminés ont commencé à réveiller cette envie profonde, parfois reliée au mysticisme, de trouver les origines du Malgache. Ils y sont allés jusqu'à passer pour des diseurs de bonne aventure.
Récemment, cette quête a amené des individus à trouver des relations du peuplement de Madagascar avec les juifs du temps du roi Salomon. Une thèse qui a été soulevée et souvent médiatisée. Sans que personne n'y prête vraiment une attention particulière, plusieurs versions continuent de se confronter et de coexister au sein de la conscience populaire.
Face à la multitude de réponses, provenant d'hallucinés des Saintes écritures ou des illuminés en tout genre, le citoyen s'enfonce de plus en plus dans un imbroglio identitaire. Ou d'un autre côté, à choisir le statu quo.
La quête identitaire est devenue plus que jamais un sujet complexe. La population malgache a préféré la laisser de côté, face aux difficultés quotidiennes. Toutefois, il y a du travail qui s’effectue en silence et entre les murs des universités et des centres de recherche dont les résultats sont déjà assez probants.
Ainsi, chez les chercheurs, les choses sont tout autres : place aux preuves matérielles, la seule initiative plausible que l'on peut dater, quantifier et répertorier.
Pour les archéologues, le premier peuplement qui ait laissé des traces sur l’Île date d’environ cinq siècles avant notre ère. Plus précisément un emplacement situé dans les environs d'Antonjobory, au sud du pays. On peut d'ores et déjà espérer que d'ici quelques années, voire des décennies, ces résultats pourraient encore évoluer. Ainsi, les recherches continuent car le pays est vaste.
« Rien qu'en Imerina, il existe des milliers de sites archéologiques, et bon nombre attendent d'être étudiés. Alors, imaginons le cas de tout le territoire », présume la professeure Chantal Radimilahy, directrice de l’Institut de civilisations/Musée d’art et d’archéologie de l’Université d’Antananarivo.
Outre le manque de moyens financiers et matériels, la difficulté des recherches se trouvent parfois confrontée à la tradition et aux tabous.
« Tel site est inviolable parce qu'il est soi-disant sacré. Pourtant, plusieurs éléments peuvent s'y trouver. Il ne faut pas heurter les croyances des gens mais parfois après des discussions avec eux, les chercheurs sont autorisés à faire leur travail », ajoute le professeur. Une évolution au pas à pas.
Des recherches parallèles
Ce qui est sûr, les thèses des scientifiques ne s'arrêteront pas, loin de là. Dans la perspective de ces chercheurs, l'objectif consiste surtout à rétablir l'histoire de Madagascar dans sa version la plus matérielle et concrète possible.
Sur un autre aspect, à entendre les illuminés et autres mystiques des temps modernes, la quête identitaire s'apparente plutôt à une aspiration s'élevant au-dessus de la mêlée sociale, politique et économique pour le développement du pays.
« C'était en septembre 1979, à la naissance de notre troisième enfant. C'est comme l'avaient compris les Ntaolo sur le concept du lova-tsy-mifindra », réagit le chanteur-compositeur artiste Xhi, au sujet du moment où il a eu le déclic sur sa quête de l'identité malgache. Une mission qu'il a d'ailleurs surnommée « Ny maha izy azy ny Gasy ».
Fort de sa conviction qui commencerait à intéresser l'Unesco, Xhi dit avoir déjà envoyé une copie des résultats de ses recherches à la Maison Blanche, à Washington. Au fur et à mesure, les discours ont pris une dimension moins restreinte que le seul sauvetage de la nation.
Les théories évoquées par les personnages de la trempe de Xhi englobent désormais des concepts comme la « paix dans le monde », « nouvelle ère pour l'humanité »… Avant tout, ils partent le plus souvent de l’hypothèse que Madagascar est un pays béni, voire gâté de Dieu, ou Zanahary. C’est en grande partie vrai, car le pays regorge de richesses, tant à la surface que dans le sous-sol, jusque dans la mer. Toutefois, le pays reste l'un des plus pauvres du monde.
Au final, les origines du Malgache restent l'un des grands mystères de ce XXIè siècle. Ce qui confère à l'île un certain allant, si l'on se réfère aux charmes des films hollywoodiens comme les « L'île mystèrieuse », « Pirates des Caraïbes », et bien d'autres. Sans oublier le film d'animation « Madagascar » qui évoque le pays comme une terre originelle, d'où la quête des héros de ce dessin animé.
A titre d'exemple, des mots comme Lemuria, utilisé en1864 par le zoologiste et biogéographe Philip Sclater, ont été évoqués, expliquant selon les phénomènes géologiques la formation de Madagascar. Une théorie qui a volé en éclats, suite à une autre sur les plaques tectoniques.
Mais grosso modo, la recherche sur les origines de Madagascar n'est qu'une porte qui s’ouvre sur d'autres portes.
« Une quête de l'identité correspond toujours à une période trouble de l'histoire d'un pays, car les repères manquent. La réclamation identitaire a trouvé son assise aux périodes les plus répressives de la colonisation, durant la Première guerre mondiale », analyse Jeannot Rasoloarison, chef du département d'histoire à l'Université d'Antananarivo.
Cependant pour Madagascar, le charme mystérieux opère.



21/07/2012
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